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Exploitation minière artisanale et à petite échelle de l’or/ Des journalistes en immersion sur un site à Kringambo

Publié le Lun 02 Septembre 2024 | Modifié le Lun 02 Septembre 2024 | 329 Vue(s) | [52 articles]

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Orpaillage

Pour leur permettre de toucher du doigt les réalités sur un site d’exploitation minière artisanale et à petite échelle de l’or, le projet planetGOLD, après avoir permis à une vingtaine de journalistes de se familiariser avec ce sujet, leur a donné, le 29 août 2024, la possibilité de faire une visite de terrain à Kringambo, village situé à 6 km de Pakouabo, à quelques encablures de Bouaflé.

Après avoir bénéficié d’un atelier de formation qui leur a permis de s’imprégner de ce qu’est l’exploitation minière artisanale et à petite échelle de l’or, le 28 août 2024 à l’hôtel Palm Club de Cocody, les hommes et femmes de médias ont mis le cap, non pas sur un site dans les environs de Yamoussoukro comme prévu initialement. Ils se sont plutôt rendus à Kringambo, village situé à une demi-douzaine de kilomètres de Pakouabo dans la zone de Bouaflé. Une véritable immersion initiée par le projet planetGOLD qui leur a permis de se faire une idée, un tant soit peu, de l’exploitation minière artisanale et à petite échelle de l’or, qui a droit de cité dans plusieurs régions en Côte d’Ivoire. Notamment dans le Moronou, le Bélier, le Marahoué, et le Hambol. Ainsi, en pleine forêt cet après-midi-là, les visiteurs ont pu se rendre compte de ce qui se fait sur place et des gros risques que courent les mineurs de tous genres. Sous la direction de M. Richard Douin, ils ont vu et entendu ce qui se passe sur ce site qui grouille de monde. Les nombreux trous, larges et profonds de plusieurs mètres, sont certes repoussants et rébarbatifs pour ces journalistes qui ont peur de s’y approcher de très près. Néanmoins, ils ne représentent aucun danger pour les « chercheurs d’or infatigables » qui en rient d’ailleurs. 


« *Il nous faut absolument creuser en profondeur… »* 


Si les journalistes, par mesure de prudence, n’ont pas voulu s’approcher pour…apprécier les profondeurs de ces gros trous béants creusés à la hache durant des heures, ce n’est vraiment pas le cas de principaux acteurs que sont les mineurs, femmes et hommes. Pour l’un d’entre eux, O. Naleman,  en effet, l’on ne peut prétendre avoir des pépites, mêmes les plus infimes, sans creuser encore et encore. « Pour trouver ne serait-ce que de la poudre d’or, il nous faut absolument creuser en profondeur. Ces trous que vous voyez, ne sont pas aussi profonds comme le pensez. Il y en a de sept à huit mètres. Les paresseux n’ont pas leurs places ici. Il faut risquer sa vie pour en trouver », nous confie, l’air enjoué et  le corps complètement envahi par la boue,  le jeune mineur originaire d’un pays limitrophe à la Côte d’Ivoire. Sa torche à pile cinglée à sa tête, il poursuit en ces termes dans un français approximatif : « Nous creusons en profondeur à telle enseigne qu’il nous faut absolument une torche, car il nous est difficile d’y voir clair… Il y a même certains trous qui se relient. Nous y circulons. Nous savons que nous risquons nos vies, mais nous le faisons pour soutenir nos familles. Il nous arrive, à plusieurs reprises, de passer la nuit sur le site… »


« *Nous n’utilisons pas de mercure…* »  


Informés lors de l’atelier que le mercure, un produit chimique extrêmement dangereux pour la santé, est utilisé dans l’exploitation minière artisanale et à petite échelle de l’or, les hôtes des mineurs n’ont pas hésité à se renseigner sur le sujet. Quelque peu trapu, les cheveux ébouriffés et chargés de boue, Z. Pascal, la trentaine révolue, soutient mordicus que sur le site, tout se fait tradionnellement, sans l’apport d’un quelconque produit qui leur facilite la tâche si ardue. « En tout cas, sur notre site, nous gagnons notre or à la sueur de nos fronts. Nous travaillons durement pour nous en sortir. C’est seulement avec l’eau, uniquement avec l’eau, que nous réussissons à séparer l’or de la boue et des cailloux. Les Kolikala (les femmes chargées de rincer à l’eau les cailloux concasser à l’aide de petites branches, NDLR) peuvent témoigner. Nous n’utilisons pas ce produit dont vous parlez », se défend t- il sereinement. Approchée pour en savoir davantage sur les assertions de notre interlocuteur relativement à l’utilisation du mercure, T. Angeline, la trentaine également, s’est empressée à nous répondre. « Ce que le jeune vient de vous dire est vrai. Ici, comme vous le voyez (elle indique ses collègues Kolikala en pleine action, NDLR), nous ne travaillons qu’avec l’eau. Depuis toujours, c’est ainsi que nous travaillons. Nous n’étions pas avertis de votre arrivée. Donc si nous en utilisions, vous l’auriez su puisque vous êtes venus à l’improviste », s’est expliquée Angeline parée dans une robe lourde de boue. 


 *La confirmation du guide* 


Poursuivant nos investigations, nous prenons langue avec M. Richard Douin, notre guide. Gaillard, 1,90 m environs, robuste et plein d’entrain, c’est avec le sourire aux lèvres qu’il accepter d’en parler avec sa voix rauque. « Le site que vous êtes en train de visiter s’étend sur 25 hectares. C’est un site artisanal. Nos mineurs, au nombre de 20, trempent la terre dans l’eau pour la rendre plus molle pour faciliter le lavage. Nous n’utilisons pas de machines, de concasseuses plus précisément. C’est vous dire que nous n’utilisons pas le mercure qui est très dangereux pour la santé. Nous avons recensé au total 25 trous sur le site que nous avons hérité après le départ des orpailleurs clandestins. C’est un site productif, il faut le dire. Nous travaillons dans la légalité. J’ai mon permis d’exploitation artisanale », nous confie le prévenant et courtois exploitant minier


 *Des technologies alternatives à la place du mercure* 

 

Même si, à en croire nos interlocuteurs, le mercure n’intervient pas dans l’exploitation minière artisanale et à petite échelle de l’or sur le site de 25 hectares de Krigambo, le programme planetGOLD Côte d’Ivoire, financé par le Fonds pour l’Environnement mondial (FEM) et conjointement exécuté par les ONG Centre africain pour la Santé environnementale (CASE) et IMPACT, sait que son usage est rependu dans plusieurs localités ivoiriennes. C’est pourquoi, conscient de sa dangerosité et son degré de nuisance sur la santé humaine, ledit programme propose d’autres alternatives. Pour éviter les graves conséquences environnementales, c’est-à-dire la contamination des cours d’eau et des sols par le mercure qui se bioaccumule dans la chaîne alimentaire, affectant ainsi la santé des populations locales et des écosystèmes, planetGOLD s’efforce de changer la donne. De concert avec le gouvernement ivoirien, le secteur privé et les sociétés minières, il teste  des solutions qui élimineront ou empêcheront plus de 300 tonnes de mercure de contaminer l’environnement. Pour ce projet louable, la solution idoine est l’introduction de technologies alternatives plus sûres et écologiques. Ce n’est pas tout. Le projet planetGOLD entend mettre un accent particulier sur la sensibilisation des mineurs et des communautés sur les dangers du mercure et des avantages des méthodes alternatives. Toujours à l’initiative dudit projet, des programmes de formation et d’éducation à l’attention des mineurs, des communautés locales et à toutes les parties prenantes, figurent en bonne place.  


 Eugène Djabia

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